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En attendant Godot
26 janvier 2023 10h30
La compagnie présente En attendant Godot de Samuel Beckett, une pièce écrite en 1948 par Beckett, mise en scène par Charles Lee en janvier 2023. Cette pièce est à mettre en lien avec la précédente création de la compagnie, La chanson d’un gâs qu’a mal tourné de Gaston Couté. En effet, les personnages Vladimir et Estragon dans En attendant Godot ressemblent aux deux gâs de ce spectacle. Ces deux personnages sont des clochards célestes qui trimballent leur vie et s’emparent de poésie et la partagent au gré de leur route, pareille à la quête de Vladimir et Estragon dans En Attendant Godot.
En attendant Godot est une pièce visionnaire sur l’état actuel du monde, en résonance avec les thématiques de la compagnie autour de la mémoire et des utopies. Beckett a rédigé cette pièce en 1948, une date qui n’est pas anodine car elle coïncide avec la fin de la Seconde Guerre mondiale et l’apparition de nouvelles tensions entre les Etats-Unis et l’Union Soviétique. Beckett lui-même a subi des privations durant cette période de sa vie en tant que résistant. On peut trouver un écho de ces expériences difficiles au sein de son œuvre, à travers ses deux personnages, vivants dans le présent de la survie.
Dans cette pièce, les personnages de Vladimir et Estragon sont prisonniers du temps, perdant toutes attaches au monde et n’ont plus que leur amitié et l’attente de Godot comme point d’ancrage au réel. La pièce pose des questions sur ce que nous attendons, ce que nous souhaitons garder, quelle issue recherchons-nous, quels rêves et quelle utopie. Pour la compagnie, cette pièce est un reflet de la société actuelle, en mettant en avant les thèmes de la mémoire, des utopies et de la parole engagée.
NOTES D’INTENTIONS DE CHARLES LEE
« Samuel Beckett est avant tout, un observateur. Il regarde et examine le comportement humain dans le moindre détail. Ce qu’il ne fait pas est de juger ses personnages. En attendant Godot est précisément un exemple de sa façon d’observer l’individuel, et dans des circonstances aléatoires de la vie.
Vladimir, Estragon, Pozzo et Lucky sont présentés tels qu’ils sont. Ils n’ont pas d’histoire (Nous savons que Vladimir et Estragon ont fait les vendanges ensemble), et on les voit uniquement dans le présent. A part l’indication « on s’en va », leur avenir n’existe pas non plus. Seuls le temps présent, l’attente existent.
Les quatre personnages peuvent être nous-même, qui regardent et qui sont regardés, dans une réalité où le temps est, mais un temps qui ne passe pas, ou bien qui passe avec une lenteur qui nous rend inconscient de son passage.
A l’opposé d’une conception Stendhalienne du théâtre, qui suggère une image miroir de la société, Beckett ne voit que l’homme dans tous ses états. Il se voit également lui-même.
L’idée de l’observation est la partie essentielle de ma mise en scène de cette pièce. Vladimir, Estragon, Pozzo, et Lucky nous regardent autant que nous, le public, les regardent, et avec une tentative d’être au-delà de tout jugement.
Comme Beckett, je ne sais pas qui ils sont, je ne sais pas qui est Godot non plus, et je ne sais pas s’il viendra, ce qu’il apportera aux deux personnages principaux, ce qu’ils attendent de lui (dans une version de Beckett par Bertolt Brecht, Godot est un boulanger qui apporte le pain). » — Charles Lee
Pour terminer, nous vous laissons quelques mots de la part de Samuel Beckett qui, pour nous, illustre sa vision :
LETTRE DE SAMUEL BECKETT À MICHEL POLAC, JANVIER 1952.
« Je n’ai pas d’idées sur le théâtre. Je n’y connais rien. Je n’y vais pas. C’est admissible. Ce qui l’est sans doute moins, c’est d’abord, dans ces conditions, d’écrire une pièce, et ensuite, l’ayant fait, de ne pas avoir d’idées sur elle non plus. C’est malheureusement mon cas. Il n’est pas donné à tous de pouvoir passer du monde qui s’ouvre sous la page à celui des profits et pertes, et retour, imperturbable, comme entre le turbin et le Café du Commerce. Je ne sais pas plus sur cette pièce que celui qui arrive à la lire avec attention. Je ne sais pas dans quel esprit je l’ai écrite. Je ne sais pas plus sur les personnages que ce qu’ils disent, ce qu’ils font et ce qui leur arrive. De leur aspect j’ai dû indiquer le peu que j’ai pu entrevoir. Les chapeaux melon par exemple. Je ne sais pas qui est Godot. Je ne sais même pas, surtout pas, s’il existe. Et je ne sais pas s’ils y croient ou non, les deux qui l’attendent. Quant à vouloir trouver à tout cela un sens plus large et plus élevé, à emporter après le spectacle, avec le programme et les esquimaux, je suis incapable d’en voir l’intérêt. Mais ce doit être possible. Estragon, Vladimir, Pozzo, Lucky, leur temps et leur espace, je n’ai pu les connaître un peu que très loin du besoin de comprendre. Ils vous doivent des comptes peut-être. Qu’ils se débrouillent. Sans moi. Eux et moi nous sommes quittes.»
Samuel Beckett
DISTRIBUTION
Charles Lee – metteur en scène
Alexis Tripier – dans le rôle de Vladimir
Julien Huet – dans le rôle d’Estragon
Stéphane Titelein – dans le rôle de Pozzo
Julien Graux – dans le rôle de Lucky
Accompagnés de deux jeunes garçons.
Julien Cordeuil – régisseur général
Céline Roucou – costumière & accessoiriste
Charlie Vergnaud – décorateur & constructeur
Flora Bellorini – régisseuse lumière